Luttes féministes, mobilisations LGBTQ+, disputes sur le genre, et aux batailles pour l'égalité
La lettre pour tous·tes
lundi 15 décembre 2025

Voici notre lettre consacrée à l’actualité des questions de genre, des violences sexistes et sexuelles, des mobilisations féministes et LGBTQ+.
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Le mot de la semaine
« Sales connes » : l’antiféminisme à l’Élysée

De « sales connes ». La formule a immédiatement fait le tour de la toile. Et l’indignation suscitée est à la mesure du crachat exprimé. Une vidéo, tournée dans les coulisses du théâtre des Folies Bergère, à Paris, montre Brigitte Macron apporter un soutien clair au comédien Ary Abittan, accusé de viol par une femme de 21 ans.

La procédure avait abouti à un non-lieu en 2024, confirmé en appel en janvier 2025. De retour sur scène depuis le printemps, l’acteur voit ses spectacles perturbés par des rassemblements féministes.

« Ça va, t’es comment ? », demande dimanche Brigitte Macron à l’humoriste. « J’ai peur », lui répond-il. « S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors », poursuit l’épouse du président de la République.

« Ces mots violents ravivent des souffrances profondes, qui me rappellent combien cela m’a aidée, dans toute ma reconstruction, de voir les actions menées par des militantes, explique la plaignante auprès du MondeEntendre aujourd’hui des paroles blessantes prononcées par la première dame, censée œuvrer pour la cause des femmes, me fait me sentir abandonnée et amplifie un traumatisme avec lequel je dois vivre chaque jour. »

Cette séquence (qui ne relève pas des images volées comme Mediapart l’a raconté) raconte une nouvelle fois combien l’Élysée ne cesse de piétiner le combat contre les inégalités femmes-hommes et les violences sexuelles, pourtant érigé en grande cause des deux quinquennats macronistes.

Depuis le mouvement #MeToo, Emmanuel Macron lui-même use de la même sémantique pour dénoncer de supposées dérives : la « société de la délation » (2017) ; la « République du soupçon » (2018) ; la « société de l’inquisition » (2021).

À propos de Gérald Darmanin, il avait expliqué avoir eu avec lui une discussion « d’homme à homme ». À propos de Nicolas Hulot, que c’était « un homme manifestement blessé ». À propos de Gérard Depardieu, qu’il rendait « fière la France », quand Macron dénonçait une « chasse à l’homme » et un « ordre moral ».

Les propos de Brigitte Macron s’inscrivent dans cette lignée. Leur vulgarité ajoute à la violence de la scène, signe d’un palais présidentiel en roue libre, marqué par un mépris pour le mouvement féministe, sa radicalité et sa jeunesse. Cette fin de règne est définitivement interminable.
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Nos enquêtes
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La célèbre troupe est visée par une enquête de la brigade de protection des mineurs de Paris. Deux comédiens, qui nient les faits, sont accusés d’y avoir agressé sexuellement des jeunes filles et des femmes pendant au moins quinze ans, selon une enquête de Mediapart. Son emblématique directrice, Ariane Mnouchkine, reconnaît avoir été informée d’accusations dès 2023.

Le machoscope
Par Alexandre Berteau, journaliste
Derrière la cravate, le « twittos » haineux. Entre 2009 et 2021, le député Gérault Verny, membre du parti UDR d’Éric Ciotti allié au RN, a eu un compte Twitter anonyme truffé de posts racistes et sexistes. Visiblement gêné par le simple fait que des femmes s’expriment sur ce réseau, il y invitait Ségolène Royal à aller « choper du bédouin dans les dunes », l’eurodéputée Aurore Lalucq à étendre « une machine à laver » ou l’ex-ministre Najat Vallaud-Belkacem à se contenter de s’occuper de ses enfants.

Cet ancien zemmouriste dément avoir géré ce compte, malgré de nombreux éléments – dont son adresse mail – le reliant à lui. Le 12 novembre, avant ces révélations, il s’offusquait que la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet l’accuse de sexisme pour avoir demandé à l’écologiste Sandrine Rousseau d’« éviter de hurler » et de lui « casser les oreilles » lorsqu’elle prend la parole.

à L'ÉCOLE
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D’après nos informations, le Conseil d’État va examiner une requête visant à faire reconnaître la responsabilité de la mairie d’Outreau dans une affaire jugée aux assises en 2021. Informée dès 2016 de l’attitude inappropriée d’un agent avec un enfant, la ville se voit reprocher de n’avoir pas agi.

La Déferlante
Image La Déferlante
Confrontées à la violence raciste, urbaine ou intrafamiliale, les femmes noires états-uniennes sont de plus en plus nombreuses à se procurer des pistolets. Mais ces armes, qu’elles s’approprient comme un moyen de défense et d’émancipation, sont aussi à l’origine de nombreux féminicides. Reportage dans un club de tir du New Jersey. Un article à retrouver sur revueladeferlante.fr et dans le dernier numéro de La Déferlante, « Soigner dans un monde qui va mal ».

LE livre POUR TOUS·TES
par Faïza Zerouala
Sortir de la maison hantée : comment l'hystérie continue d'enfermer les femmes, par Pauline Chanu (La Découverte)

« L’hystérie » a longtemps irrigué la langue, les imaginaires et les manuels de médecine (avant d’en disparaître). La chanteuse Britney Spears, placée abusivement sous la tutelle de son père durant treize ans, en a fait les frais.
Comme tant de femmes avant elle depuis l’Antiquité, dont l’utérus (« vagabond », comme disait Platon) était considéré comme le foyer de leur instabilité émotionnelle. Et le signe d’une folie à domestiquer.

Les femmes politiques n’y échappent guère aujourd’hui : de Ségolène Royal à Alice Coffin, toutes ont été accusées de ne pas maîtriser leurs affects. Les exemples sont légion. C’est ce que démontre la journaliste Pauline Chanu dans une série de documentaires radiophoniques prolongée dans un livre autour de cette « hystérie ». Dans Sortir de la maison hantée : comment l'hystérie continue d'enfermer les femmes (La Découverte), l’autrice revient aux origines de la psychiatrisation des femmes et montre avec force détails, exemples et sources à quel point cette qualification a été et reste l’instrument de toutes les formes de violence et de domination sexistes.

À cet égard, impossible de ne pas mentionner le docteur Jean-Martin Charcot, que l’écrivain Guy de Maupassant avait qualifié d’« éleveur d’hystériques en chambre ». Il rêvait de découvrir « la formule chimique » de « l’hystérie » et enfermait les femmes à l’hôpital parisien de la Salpêtrière au XIXe siècle.

Ses patientes y étaient victimes de violences diverses, notamment des touchers vaginaux récurrents, rappelle Pauline Chenu. L’autrice émet aussi l’hypothèse, appuyée par une historienne, qu’elles ont pu y subir des viols, sans pouvoir l’affirmer formellement, faute de sources et d’archives.

Pauline Chanu fait un saut dans le temps et rappelle des affaires de violences sexuelles impliquant des patientes et leur psychiatre. En ce sens, cette présomption d’hystérie et de folie continue d’avoir des effets sur la manière dont sont appréhendées les violences et celles qui les subissent.

Sur la foi de ces témoignages de femmes, d’archives, d’entretiens avec des historien·nes, des médecins, la démonstration de la persistance de ces schémas est très convaincante. Le qualificatif est aussi présent dans les tribunaux, lors des divorces houleux et autres conflits autour de la garde des enfants, précise l’autrice.

Celle-ci recueille pléthore de témoignages d’anciennes internées ou de victimes de violences médicales liées à leur condition de genre qui vont en ce sens : de l’endométriose au syndrome méditerranéen, qui empêche les soignant·es de croire les femmes racisées sur leur douleur, en passant par ces consultations où les médecins imputent forcément leurs symptômes à des causes « psychosomatiques », **alors que la souffrance est, elle, bien réelle. D’où la proposition de l’autrice de changer de focale et de s’interroger plutôt sur les « hystériseurs ».

Dans le Club  Les lecteurs et lectrices prennent la parole

le blog de
Les propos de Brigitte Macron contre des militantes féministes ne sont pas une simple polémique. Ils violent les droits et libertés fondamentaux et trahissent les engagements solennels de l'État français. Démonstration.

LE DISQUE POUR TOUS·TES
par Damien Gauvin
Rosalía, Lux (2025 Colombia Records)

« Aucune femme n’a prétendu être Dieu » : ces mots de la poétesse musulmane Rabia Basri du VIIIe siècle mis en exergue dans le nouvel album Lux de Rosalía contrastent avec son ambition et sa démesure.
Les qualificatifs manquent pour décrire Lux, qui a cumulé 42 millions d’écoutes sur Spotify le premier jour de sa sortie. Un disque qui se paie le luxe (sic) d’avoir comme backing band l’Orchestre symphonique de Londres et des collaborations confidentielles avec, entre autres, une chanteuse islandaise du nom de Björk et un des deux robots du groupe Daft Punk.

Lux, « lumière » en latin, quatrième album de l’artiste catalane, n’en manque pas. Il aura été difficile cet automne d'échapper au phénomène, du journal The Guardian au fil d’actu du réseau TikTok.

Les albums El mal querer (2018) ****et le vrombissant Motomami (2022), blockbuster pop entre flamenco et reggaeton, avaient déjà propulsé Rosalía au rang de pop star mondiale, illustrant par la même occasion le renouveau de la musique latino.

Elle opère un virage empreint de mysticisme féminin et de nouvelles ambitions musicales dans ce nouvel opus aux multiples entrées, un puzzle iconographique où s’entremêlent des sonorités modernes, électro ou trap, à de plus anciennes qui puisent dans l’opéra, la musique classique et, bien sûr, le flamenco.

Lux est structuré à la manière d’une symphonie, en quatre mouvements, et chanté en pas moins de treize langues, du catalan à l’ukrainien, en passant par l’arabe, l’hébreu et le mandarin.

C’est un album concept, un album monde qu’elle explore avec une quinzaine de figures féminines, une sélection presque hérétique d’un panel de « saintes » venues de différentes époques et horizons, telles qu’Olga de Kiev, Claire d’Assise, Rosalie de Palerme, la nonne bouddhiste Vimala ou encore la taoïste Sun Bu’er.

Au-delà de l’aspect rouleau compresseur de la production où la moindre note, le moindre son ou mot est travaillé, référencé, pensé, force est de constater que le résultat est là. Il est difficile de lutter face au wagnérien « Berghain » et à son impressionnant clip, à l’électro folk flamenco de « Divinize » et aux envolées lyriques d’un « Sauvignon blanc » de très grand cru.
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